Dix ans après la fermeture de Silk Road, comment Ross Ulbricht tente de redorer son image depuis sa cellule


De fausses cartes d’identité ayant appartenu à Ross Ulbricht.

« Nous pouvions entendre la pluie arriver et voir les gouttelettes. Puis la mousson est venue. Nous avons été trempés », mais grâce à l’air chaud et sec du désert, « nous avons séché tout aussi vite. » Ce 14 septembre 2023, Ross Ulbricht est d’humeur mélancolique, comme le sont régulièrement ses messages sur X (anciennement Twitter) publiés par l’intermédiaire d’un proche. Un blues qui se comprend aisément : en ce début d’octobre 2023, le fondateur de Silk Road entame sa onzième année en détention.

Agé de 39 ans, l’Américain avait été arrêté le 1er octobre 2013 par des agents du bureau fédéral d’investigation américain (FBI). La fin d’une enquête de longue haleine contre les administrateurs de ce marché noir en ligne, un site précurseur utilisant le bitcoin et comparé à l’eBay du crime. Son interpellation prouvait aussi qu’il n’y avait pas d’impunité pour ce genre de places de marché illégales, dont les fermetures par des services de police sont depuis devenues récurrentes.

Si son arrestation a eu valeur de symbole, pour ses proches, sa lourde condamnation à la prison à vie en 2015 a également des airs d’exemple. Sur la pétition lancée sur le site Change.org, qui a réuni près de 566 000 signatures, la mère de Ross Ulbricht regrette ainsi que son fils, sans casier judiciaire, ait été condamné pour avoir simplement géré un site de commerce électronique anonyme. Une façon très édulcorée de présenter Silk Road. Selon le FBI, ce site avait généré environ 1,2 milliard de dollars de ventes – essentiellement des drogues.

Combat pour une grâce

Malgré la confirmation en appel de sa peine en 2017, Ross Ulbricht n’a toutefois pas perdu espoir de retrouver un jour la liberté. Cet ingénieur libertarien originaire d’Austin (Texas), au profil d’ancien boy-scout, mise désormais sur une grâce présidentielle. « Il espère qu’un jour un président américain reconnaîtra que sa peine de prison est trop longue et lui donnera une seconde chance », explique au Monde l’une de ses proches.

A écouter ses soutiens, Ross Ulbricht est devenu un prisonnier modèle en détention. Impliqué dans des actions de médiation, il anime un cours quotidien de méditation. Celui qui suit un master de psychologie par correspondance a également donné des cours de mathématiques et de sciences à d’autres détenus.

Dans ce combat pour une grâce présidentielle, Ross Ulbricht est loin d’être seul. Mais si ses proches affirment que ses soutiens viennent de tous les horizons, on y retrouve de nombreuses figures libertariennes, ces apôtres de la liberté individuelle à tout prix, comme Ron Paul, ancien candidat à l’investiture républicaine à la présidentielle. Outre des détenus qui ont obtenu une grâce, des personnalités plus controversées, comme Robert Francis Kennedy Jr soutiennent sa cause. L’héritier de la célèbre dynastie est devenu un activiste anti-vaccination proche de la mouvance conspirationniste Qanon.

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